Philippe Boxho est un médecin légiste pratiquant en Belgique. Puisqu’il est le spécialiste des autopsies, Philippe Boxho s’est mis à l’écriture pour nous parler de son métier. Et c’est ainsi que depuis 2022, chaque année, il nous raconte son quotidien fait d’anecdotes face aux cadavres qui se suivent mais ne se ressemblent pas. Depuis le médecin écrivain est devenu l’idole des adolescents et la star des réseaux sociaux.
Il faut dire que son univers est quelque peu « rabat-joie ». Qui a envie de passer ses journées à examiner des cadavres ? A pratiquer des examens : ouvrir des thorax, sortir les viscères, le cerveau, prélever liquides et tissu ? recoudre la peau ? et ce afin de déterminer les causes de la mort : Philippe Boxho en a fait son métier, Il a décidé de partager son travail.
On apprend à travers ses différents ouvrages qu’il existe deux types d’autopsie : médicale ou médico-légale. Mort suspecte ou naturelle ? Le médecin anatomopathologies ou pathologiste confirme ou infirme le diagnostic de la personne décédé. Le médecin légiste pratique l’autopsie à la demande d’un magistrat afin de comprendre la mort suspecte d’une personne.
C’est en réalisant autopsie sur autopsie que les étudiants en médecine apprennent l’anatomie….
Après moults informations techniques Philippe Boxho nous raconte les anecdotes vécus ici et là au cours de sa carrière. Lui qui n’a de cesse de répéter à ses étudiants : « la mort n'est pas dramatique pour qui meurt, elle ne l'est pas non plus pour celui qui en fait son métier. » a appris à lire les cadavres. Il a rédigé des récits captivants, précis sans pathos.
A travers des chapitres saisissants, courts, mêlant humour et sérieux le spécialiste des morts ne nous fait pas sombrer dans ce qu’on appelle « le gore » que l’on voit dans les films d’horreurs. Il nous invite dans sa réalité faite de technicités, de détails, des faits bien réels. D’ailleurs il affirme dans l’un de ses trois ouvrages :
« Voir des morts, ce n'est rien. La mort nous surprendra tous un jour ou l'autre, mais voir la détresse sociale, la solitude et l'oubli même dans lesquels vivent certains est bien plus difficile. »
Philippe Boxho médecin légiste a su à travers ses trois ouvrages mêler des histoires rocambolesques à des faits historiques entre la mort de Louis XVI, de Napoléon, d’Albert Premier ou l’histoire du Saint Suaire, il raconte aussi la mort des anonymes, les dégâts de l’alcool, de la drogue sur l’organisme. Des aspects très sombres quelquefois révoltants, dramatiques autour des enquêtes sur toutes les morts rencontrées : naturelles, suicides, accidents, meurtres etc…
Extrait : L'héroïne. Voilà une drogue qui fait des dégâts monstrueux et provoque des morts par centaines de milliers. Et dire qu'elle a été créée par l'industrie pharmaceutique ! C'est en 1897 que la firme Bayer, celle qui a commercialisé l'aspirine, a synthétisé l'héroïne en partant de la morphine. Elle était destinée à combattre la douleur à un point tel qu'on ne la sentirait plus et que les soldats, sur les champs de bataille, pourraient continuer à combattre malgré les plaies et les blessures, faisant d'eux des héros, d'où son nom, "héroïne". L'héroïne était donc destinée à créer des héros. Un comble de cynisme quand on voit les loques humaines que deviennent la plupart des toxicomanes à l'héroïne. Des problèmes de dépendance sont rapidement arrivés et, dès la fin de la Première Guerre mondiale, son usage thérapeutique a été contesté puis l'héroïne a carrément été supprimée de la pharmacopée. Un échec retentissant qui fait toujours ses effets aujourd'hui.
Philippe Boxho conclut en écrivant « Profitez bien de la vie avant d'être dans mes livres ! »
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