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Photo du rédacteurG. Aho

Un livre, un auteur : « Ceci n’est pas un fait-divers », de Philippe Besson




Ce livre est comme un murmure. Pas n’est besoin de regarder des images d’une fiction. Philippe Besson a su trouver les mots passeurs d’émotions. Voilà ma conclusion à la lecture de cette histoire.  

Philippe Besson l’écrivain qui fait des autres son œuvre littéraire, puise dans l’encre de son empathie et nous raconte le devenir de deux jeunes victimes « collatérales » d’un féminicide. Ce mot devenu tristement à la mode depuis deux décennies n’est pas encore rentré dans nos dictionnaires, donc pas dans le code pénal français. Pourtant il révèle l’assassinat d’une jeune fille ou d’une femme, parce qu’elle est du genre féminin. 

Léa, une jeune adolescente de 13 ans appelle son grand frère :

  • Papa vient de tuer maman

Philippe Besson est le grand frère. Nous allons le suivre au moment de l’annonce de sa sœur. 

Aux prises dans les rouages de la justice et du quotidien après le crime de leur père, le frère et la sœur (ainsi que le grand-père) vont se tenir la main. Ils avancent dans un brouillard de larmes. 

Au fil des chapitres courts, dans une écriture vive, tout comme l’épreuve vécue, Philippe Besson nous fait vivre les journées d’après, le sort terrible des deux enfants du couple entre la police, la justice, le cimetière et un autre horizon à prévoir. Des mots cinglants, froids. Comme la mort, la sentence terrible pour la famille. 

« Elle nous attendait dans la chambre funéraire, étendue dans son cercueil. Il avait d’abord fallu franchir une porte sur laquelle on avait punaisé une fiche cartonnée mentionnant son identité. J’ai pensé : c’est donc ainsi que la vie s’achève, avec son nom punaisé sur une porte, à l’arrière d’une boutique de pompes funèbres. J’ai présumé qu’un autre nom avait été punaisé la veille, qu’un nouveau nom le serait le lendemain. »

Le récit vertigineux, inspiré d’une histoire vraie, nous prend à la gorge. Nous sommes à la hauteur d’un jeune homme qui peine à rentrer dans la vie d’adulte en passant par la cadette dont l’enfance se termine. Il y a aussi le grand-père (le père de la femme assassinée) qui n’a pas de mots. Nous sommes dans les entrailles du mal face à un féminicide qui hélas se banalise au fil de l’actualité. 

Nous avons remonté l’allée derrière le cercueil tandis que retentissait dans l’église « évidemment », la chanson de France Gall. Léa avait tenu à ce qu’on la diffuse, car « maman l’aimait beaucoup ». Ça disait : « Y a comme un goût amer en nous/Comme un goût de poussière dans tout/Et la colère qui nous suit partout ». Ça disait aussi : « On rit encore/Pour des bêtises/Comme des enfants/Mais pas comme avant ». 

Ces paroles, que j’avais oubliées, m’ont infligé une douleur inouïe.

Ceci n’est pas un fait-divers

Philippe Besson

Editions Julliard

208 pages

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